Ahead on my way
Le soleil est sur le point de changer de camp et la Vallée de la Mort, en cette fin d’été nord-américain caniculaire, s’apprête à vêtir ses plus simples habits de nuit. Il est quelque chose comme vingt heures et une violente tempête de sable commence à foutre un immense bordel à l’horizon de mon rétroviseur. Presque deux milles kilomètres se sont écoulés depuis le début d’un road-trip que je n’imaginais pas aussi dantesque, aussi marquant et puissant visuellement parlant. De ces immenses déserts d’Arizona peuplés de milliers de cactus et arches solitaires, longeant de près ce monumental Grand Canyon et les incroyables sculptures naturelles dont est béni l’Utah, l’Ouest est une aventure qui fracture les rétines et forge les plus profonds souvenirs. L’immensité face à vos propres yeux ébahis, les plus grands chefs-d’œuvre du maitre Leone qui s’enchainent en réalité non-virtuelle (au volant d’une vieille Mustang rouge de modern cow-boy, dont la radio crache le meilleur des Doors à fond les ballons).
Il n’existe pas encore d’adjectifs suffisamment élogieux qui puissent décrire mon ressenti vis-à-vis d’un lieu aussi sensationnel qu’un Bryce Canyon légèrement enneigé ou qu’une bien moins connue mais charmante Vallée de Feu, située non loin d’une certaine ville du vice illuminée en plein désert du Nevada. Certain(e)s préféreront les immenses fontaines du Bellagio, d’autres plusieurs tours de High Roller afin de capturer un panorama de l’ambiance nocturne d’un Las Vegas qui ne peut, au final, laisser vraiment personne indifférent… quel que soit le sens.
À l’heure où j’écris ces lignes, deux années se sont écoulées et je ne me rappelle plus vraiment dans quel sens j’étais en train de rouler. Etais-je encore en train de me diriger inconsciemment vers un terrible orage fait de poussières et de sable, ou étais-je finalement en train de m’en éloigner? Je rejoindrais les âmes positives qui pointeraient sans la moindre hésitation la deuxième option. La mémoire fait ici défaut mais cette simple photographie est liée à une certitude, celle qui marque la conclusion d’un road-trip de quelques jours sur ces interminables lignes droites que je n’oublierai jamais.