Hiver
Décembre 2018, il fait frette en tabarnak et une année de plus s’achève. C’était il y a un an, presque jour pour jour.
Ma saison préférée donne ce qu’elle a de plus beau en cette période de fêtes, transformant Montréal et ses nombreuses rues en esti de station de ski. On se croirait à fucking Val d’Isère en plein mois de février, sans les maudits canons à neige ni les gnochons qui doublent les files d’attente de bus et télécabines. Les ratons laveurs sont partis se planquer après un ultime buffet de légende situé non loin du belvédère Camillien-Houde, et les écureuils entament quant à eux le buffet qu’ils ont planqué sous terre pour survivre à ce nouvel âge de glace. Chacun son bon plaisir, deux salles deux ambiances.
La neige tombe depuis plus de trois jours maintenant, c’est le chaos dans les rues et déneiger son char à la pelle devient soudainement le sport national. Bien que les styles divergent et qu’il soit possible de croiser un total inconscient en pantalon de jogging coton, le fil rouge majoritaire reste le combo « valeurs sûres »: anorak, foulard, mitaines et grosses bottes d’hiver. De leur fenêtre, les heureux(ses) propriétaires de garages intérieurs admirent celles et ceux pétant une immense coche devant leur bazou enseveli de neige. De notre fenêtre nous admirons l’indispensable récital des saleuses et dameuses, toujours prêtes à nous frayer un chemin décent. Et de votre télévision vous regarderez très certainement le reportage annuel de Noël, sobrement intitulé « L’hiver au pays des caribous ».
Mais le plus bel hiver du Monde se doit d’être vécu au moins une fois dans une vie, le froid n’étant que la serrure d’une porte menant à un véritable paradis. Ces vastes et silencieuses contrées nord-américaines, peuplées de lacs devenus anneaux de glace et de forêts boréales insensibles au plus grand des froids. Ces magnifiques routes du Saguenay longeant un fjord temporairement endormi, sur lequel s’accrochent multitude de colonies de cabanes de pêche blanche. Cet orignal solitaire traversant, dans le plus grand des calmes, cette route de parc national menant à un sommet où les conifères résidents sont devenus fantômes.
Ou cette ruelle de traverse située en plein cœur du Mile End montréalais, ici photographiée il y a un an déjà.