Natural born sk8rs
À l’heure où j’écris ces lignes, le Saint-Laurent ne va pas tarder à se figer et l’on va encore se retrouver en plein Âge de glace pour quelques mois. En synthèse, des températures à te faire demander si la sortir dehors en plein air pour pisser est une brillante idée. Mais bon, on dit toujours qu’il faut un long hiver pour bercer un tendre printemps; le problème étant que la première personne à avoir dit ça n’a clairement jamais foutu les pieds ici…
L’hiver québécois est aussi violent que magnifique, la définition ultime du paradis blanc, et j’aurai bien évidemment l’occasion de longuement parler de ma saison préférée, qui vit ici son plein potentiel… pour le plaisir de celles et ceux ayant un char, mais pas de garage.
Revenons trois ans en arrière, équipé comme jamais (combo jogging coton spécial yayOu + chaussures en toile) pour un premier hiver que les oracles locaux annoncent bien musclé en tabarnak. En plus du fait qu’ils avaient bien évidemment raison, l’un d’entre eux m’avait gentiment indiqué l’emplacement précis de plusieurs patinoires extérieures si l’idée de me faire humilier au hockey par des gamins de huit ans me branchait.
Ayant finalement opté pour une approche plus orientée « exploration », j’ai laissé les patins à maison et m’y suis pointé en style semi-léger, seulement équipé du Lumix et de quoi ne pas perdre ma main droite, pour détailler. Il fait frette en esti et j’ai clairement, mais alors très clairement sous-estimé ce pouvoir si énervant qu’a le vent quand il fait moins dix au thermomètre. Il est neuf heures du soir, les rues sont absolument désertes et la neige s’abat massivement sur Montréal depuis plusieurs heures. Les routes sont à peine visibles et j’en connais certain(e)s qui vont se la régaler à la pelle le lendemain. Silence total.
Au loin, une silhouette semble survoler avec grâce un anneau de glace improvisé, admirée par les jeunes hockeyeurs juste derrière. Les minutes passent.
Je ne m’enlèverai pas les gants deux fois et décide ainsi de faire une seule et unique prise. Tête basse, cette jeune personne traçant l’infini sur la glace me rappelle à quel point l’hiver est beau, mais pas éternel.
“ Le plus bel hiver du monde ne peut donner que le froid qu’il a ! ”
Pierre Dac